Vainqueur de la coupe de France contre Orléans lors de la saison précédente, l’AS Monaco de Gérard Banide se retrouvait donc qualifié pour la coupe des coupes pour la saison 1980-1981.
A cette époque, le club du Rocher avait du mal en coupe d’Europe. Eliminé dés le second tour de la C1 en 1978-1979 par Malmoe, il en était de même la saison suivante (1979-1980) en C3 sorti par le Lokomotiv Sofia.
Une équipe remaniée !
Lucien Leduc étant parti, Gérard Banide le directeur du centre de formation avait repris l’équipe première lors de la saison 1979-1980. Formateur hors pair, l’entraîneur monégasque espérait bien faire un bon bout de chemin lors de cette campagne européenne. Mais le tirage au sort n’était pas clément pour l’ASM qui devait affronter le FC Valence vainqueur de la précédente édition de la coupe des coupes. Mais cela ne le décourageait pas « J’attends avec impatience les matches contre Valence. Si nous sommes éliminés en jouant bien, cela n’impliquera pas que nous étions inférieurs, mais que nous aurons eu une réussite moindre. Si nous sommes éliminés en étant submergés, nous nous remettrons au travail. »
Pour entamer cette saison et cette campagne européenne, Banide devait faire face à de nombreux départs. Effectivement, Dalger (Toulon), Gardon (Saint-Etienne), Moizan (Lyon), Noguès (Nice) et Onnis (Tours) ont tous quitté le club. « J’ai une certitude les joueurs qui sont partis étaient tous bon et aucun à une exception près, n’est parti de mon fait. Certains étaient sous contrat, mais ont profité d’une occasion qui leur était offerte. C’est le cas de Dalger qui aurait pu rester mais qui a préféré sa reconversion. C’est aussi celui de Moizan, qui sur le plan sportif avait intérêt à partir. » C’est surtout le départ du buteur emblématique de l’ASM, Délio Onnis qui a marqué les esprits « Je voulais garder Délio. Mais il existait un désaccord financier entre lui et les dirigeants. Cela ne me concernait pas, car je n’avais aucun moyen de rapprocher les deux parties ».
Pour combler ses départs, le club à la diagonale se renforçait avec les arrivées du défenseur Jacques Pérais (Laval), de Jean-Marc Valadier (Lyon), Victor Trossero (Nantes) et le Suisse Umberto Barberis (Servette). « Le président m’a demandé en mai d’aller superviser Barberis. Je l’ai vu deux fois et j’ai donné mon accord. Pérais était un joueur que je connaissais assez mal. Il est venu parce que Puel et Fagès sont jeunes. Je n’ai rien contre lui à partir du moment où il vient pour travailler ce qui est le cas. Je suppose que Valadier fait partie de la « transaction Moizan ». Avec le départ de Dalger et l’incorporation militaire de Mengual, il peut nous rendre service. Après le départ d’Onnis, j’aurais fait confiance à Guimard, s’il n’y avait pas eu la coupe d’Europe. Trossero nous apporte un poids, un dynamisme supplémentaire. »
Match Aller : Monaco aura tenu une heure !
Monaco allait donc défier lors de ces seizièmes de finale, le vainqueur de l’édition précédente le FC Valence dans son antre de Mestalla. Une star symbolisait cette équipe, il s’agissait du champion du monde argentin de 1978 Mario Kempes. Mais Banide n’avait pas prévu de plan « anti-Kempes ». « Nous ne marquerons pas Kempes, d’abord parce que ce n’est pas notre système, ensuite parce qu’on ne suit pas individuellement un gaillard aussi insaisissable, enfin parce que nous n’avons pas l’homme taillé pour ce genre de tâche assez spéciale. Nous nous en tiendrons donc à notre zone habituelle et surtout nous chercherons à fixer Kempes et ses coéquipiers du milieu dans leur propre camp, et loin de notre but ».
Devant 45 000 spectateurs, les Monégasques sont parvenus à tenir pendant une bonne heure de jeu et à empêcher l’Argentin de briller. Mais à l’heure de jeu, suite à une mauvaise relance de Courbis, le contre valencian mené par Saura permettait à Kempes d’ouvrir le score.
Jean Petit de son côté essayait d’être vigilent face à Kempes, et il s’en sortit plutôt bien. Un Kempes qui sortait avant la fin du match remplacé par Villarosa. Par contre Umberto Barberis auteur jusqu’à présent d’un bon début de saison semblait dépassé, ce qui n’avait pas échappé à Banide. « J’ai bien peur qu’Umberto ne soit entrain de commencer à payer un lourd tribut à la période sûrement la plus chargée, la plus intensive, de sa carrière déjà longue ».
Valence en fin de match était réduit à dix suite à l’expulsion de Solsona en fin de match mais dans les ultimes minutes un pénalty de Morena permettait aux espagnols de disposer d’un avantage plus net avant le match retour.
Composition des équipes :
FC Valence : Pereira – Arias, Tendillo, Botubot, Castellanos – Saura, Solsona, Kempes (Villarosa 69’) – Felman, Morena, Pablo (Subirats 53’).
AS Monaco : Ettori – Zorzetto, Pérais, Courbis, Puel – Christophe, Petit, Barberis – Couriol, Trossero, Ricort (Emon 87’).
Match retour : Le Grand Valence a tremblé !
Malgré la défaite, les Monégasques espéraient quelque chose avant le match retour. A l’image de Pérais « Valence sera aussi fort qu’à l’aller, croyez moi, mais nous aussi et sur notre terrain, avec nos supporters, nous nous apprêtons à faire connaître aux Blancs la manière de l’AS Monaco. Celle qui est certaine de conquérir tous les publics qui préfère un jeu clair et offensif à une stratégie tactique évoluée qui décourage souvent les spectateurs et ne fait la part qu’à la rudesse ».
Ce match retour offrait une très belle partie de football où les Monégasques étaient proches de créer l’exploit. Jean Petit en bon capitaine montrait l’exemple en marquant très tôt (1-0 ; 7’). Barberis meilleur qu’à l’aller lui emboitait le pas et ramenait donc les deux formations à égalité (2-0 ; 21’). Mais Valence même privé de Solsona ne se laissait pas faire et revenait au score grâce à Morena (2-1 ; 36’). C’était donc sur le score de 2 à 1 que les deux formations regagnaient les vestiaires.
Comme en première période Jean Petit n’attendit pas longtemps avant de marquer un but puisqu’après cinq minutes de jeu en deuxième mi-temps, il redonnait deux buts d’avance à l’ASM (3-1 ; 50’). Mais en fin de match Valence reprenait les choses en main et marquait par deux fois dans le dernier quart d’heure par Kempes (3-2 ; 74’) et Felman (3-3 ; 77’). Le second but Valencian de Kempes laissant un goût amer à Christophe « J’ai pris absolument toutes les balles de la tête durant la rencontre. Toutes sauf une, et il a fallut que Kempes marque. Sur le coup-franc de Carrete, j’ai sauté mais il n’y avait rien à faire. Je crois que je n’avais jamais sauté aussi haut. Je jure que lorsque je me suis trouvé en haut, j’étais au-dessus de la barre transversale ; je l’ai vu en dessous de moi. Hélas ! Il aurait fallu que Pérais, qui était derrière moi, saute aussi pour assurer le coup. Il s’agit là d’une question d’automatismes. Il faut toujours sauter lorsqu’on se retrouve derrière un coéquipier qui se trouve apparemment mieux placé, au cas où malgré tout ce coéquipier ne récupérerait pas la balle. Cette erreur nous a coûté très cher. »
Les joueurs de Banide sortaient la tête haute, en montrant un jeu offensif qui aura posé beaucoup de problèmes aux Espagnols, mais une défense trop friable aura été fatale à l’ASM. Suspendu pour les deux rencontres suite à une échauffourée la saison d’avant contre le Lokomitiv Sofia, Alfred Vitalis a beaucoup manqué.
Mais les Monégasques ont beaucoup appris de ces deux confrontations comme le révélait Courbis « Lorsque nous avions appris que nous tombions sur Valence, nous nous sommes dit pendant une semaine que c’était cuit. Puis, au fil des jours nous avons repris confiance et au cours du match retour nous y avons vraiment cru. »
De son côté Gérard Banide évoquait la malice des Espagnols et un problème de mentalité. « Les Allemands et les Espagnols possèdent un potentiel physique au dessus de la moyenne. Ils n’hésitent pas, le cas échéant, à faire n’importe quoi pour assurer un résultat. C’est ainsi, par exemple, que les Valencians, dans la dernière demi heure du match au stade Louis II tapèrent par-dessus les tribunes, alors qu’ils pouvaient tout aussi bien donner la balle à leurs partenaires de l’attaque. Chez eux, cela fait partie, si vous voulez, de la conquête du résultat. Chez nous, une telle méthode ferait hurler. C’est en fait un problème de mentalité. Et la nôtre, vous le savez, laisse considérablement à désirer. » Mais le coach monégasque était conscient que son équipe apprenait à ce niveau « On dit que nous n’avons pas sacrifié le spectacle à la manière, mais nous avons tout de même montré contre Valence que nous pouvions jouer avec notre cœur ou, si vous préférez, avec nos trippes. A mon avis, je crois que Monaco poursuit plus simplement son apprentissage. Le chemin est long qui nous conduira tôt ou tard à conjuguer la manière à l’efficacité. Il nous faudra obtenir, dans cette optique, davantage de rigueur dans l’organisation, étant entendu que l’on ne va pas refaire les hommes et le système. Quand on laisse des garçons s’exprimer librement en toutes circonstances, il est difficile ensuite de leur dire, quand les circonstances le commandent, de fermer la porte, de dégager à l’aveuglette. »