La saison 1962-1963 est sans nul doute, la plus prolifique de l’AS Monaco qui a remportait cette saison là le championnat et la coupe de France. Un exploit que le club de la principauté n’a, pour le moment, jamais réitéré. En 1984 l’ASM fut tout prés de ce doublé, mais malheureusement la bande à Lucien Muller termina second du championnat derrière Bordeaux à égalité de points, mais avec une différence de buts inférieur et échoua en finale de la coupe de France contre Metz.

Départ de plusieurs cadres et arrivées de deux Uruguayens !

Revenons au championnat 1963. Monaco devait concéder en début de saison plusieurs départs majeurs, Ludo, Garofalo, Nowak (parti quelques temps à Lyon avant de revenir) et Roy pour Marseille. Serge Roy s’expliquera sur son départ à l’OM « Le secteur offensif était pléthorique, notamment depuis l’arrivée de deux uruguayens, un avant centre et un ailier gauche, Cobas et Dibot, qui n’ont rien apporté à l’AS Monaco. J’intéressais beaucoup l’OM. Le club m’a transféré. Dire que Loule Cossou, originaire de Marseille, rêvait d’y jouer ! Mais c’est moi qui suis parti. » . Cossou rétorquera « De toute manière, l’OM n’est pas fait pour les jeunes. Monaco c’est le joyaux de ma vie ».

Mais intéressons nous quelques instants à ses deux uruguayens qui venaient de débarquer à Monaco, et qu’on surnommait Laurel et Hardy. Tout d’abord Hardy alias Oscar Cobas, qui avait un physique imposant (1m87 pour 85 kg). Puis, Laurel, Danillo Dibot. Ces deux joueurs débarqués de Montevideo avaient été recruté pour la coupe d’Europe. Les deux latinos ne sont pas parvenus à s’imposer en Europe, et beaucoup d’observateurs allaient même jusqu’à dire qu’ils n’étaient pas fait pour le football. Ce que Lucien Leduc le coach monégasque réfutait vigoureusement « N’exagérons rien. Dibot par exemple, était un bon technicien. Il avait de l’allure un bon tir, mais cela n’était pas suffisant pour opérer à notre niveau. Quant à Cobas, ce que j’ai vu d’abord ce sont ses grands pieds. Or, on dit que les buteurs chaussent généralement « petits ». Pour lui ce n’était pas le cas. Il avait un tir très puissant. Mais c’était tout. Pour ce qui était par exemple de la mobilité, il lui aurait fallu énormément travailler et comme nous n’avions pas de temps à perdre … ». Le duo est parti, sans avoir effectué le moindre match de championnat.

Un début de championnat raté avant un but de Hernandez le gardien !

Les premières rencontres de championnats étaient difficiles pour la troupe à Leduc qui remportait seulement un match durant les huit premières journées. Avec pour unique victoire un succès lors de la troisième journée au Louis II contre Lens (2-0). En cette période, Monaco concédait de lourdes défaites, à Sedan (0-3), ou à domicile contre Bordeaux (0-2). Mais le déclic survenait le 7 octobre 1962, durant la neuvième journée de championnat. Monaco recevait Valenciennes. A cette époque il n’y avait pas de remplacement, de ce fait, quand le portier monégasque Jean-Claude Hernandez se blessait, il était remplacé par un joueur de champ, en l’occurrence le défenseur Jean-Marie Courtin. Après deux buts de Taberner pour l’ASM et un but de Valenciennes, Hernandez qui devait jouer les utilités dans le champ inscrivait le troisième but monégasque qui scella la victoire pour les siens.

Monaco file vers le titre !

Après la victoire contre Valenciennes, Monaco filait vers son deuxième titre de champion de France. L’équipe de la principauté était emmené par un duo de génie : Théo et Douis « Deux joueurs d’exception dotés d’une excellente mentalité. Ils ont désavoués une certaine opinion publique qui doutait fortement de leur cohabitation » témoignait le coach monégasque Lucien Leduc.

Même son de cloche pour Bert Carlier qui reconnaît l’apport du duo Théo-Douis à l’issue de cette saison « C’est une équipe bien plus stable techniquement que le Monaco 60 et 61. Sur le plan collectif et sur le plan individuel. Avec des techniciens de très grande valeur comme Théo et Douis, nous sommes plus brillants. L’équipe comportait plus de gagneurs il y a deux ans, mais elle était moins calme, moins mûre. Son système de jeu et son style sont désormais stabilisés ».

Théo insiste également sur cette notion de plaisir « Quelle belle équipe avons-nous ! Nous y jouons enfin le football de mes rêves, un football simple où l’on fait circuler admirablement le ballon, où chacun se sent bien solidaire de l’autre ».

L’un des autres hommes clés de ce titre est incontestablement Lucien Cossou auteur de 28 buts en 33 matchs. Il terminera deuxième au classement des buteurs derrière le valenciennois Masnaghetti et ses 35 buts.

L’AS Monaco remportait de large succès dans cet exercice 1962-1963 contre Grenoble (4-0), Nîmes (4-1) ou Rennes (5-0). Mais également des victoires contre les clubs phares de l’époque à Marseille (4-2), à Colombes contre le Racing (3-2) ou encore contre Reims (5-2). Mais également un carton contre le voisin niçois (6-2), le 24 mars 1963.

C’est donc fort logiquement, que l’AS Monaco remportait le second titre de champion de France de son histoire, le 19 mai 1963, lors de l’avant dernière journée en écrasant Angers (5-1) au Louis II, avec des réalisations de Cossou(2 buts), Douis (2 buts) et du Néerlandais Bert Carlier. La dernière journée de championnat à Paris contre le stade Français se soldera par un nul (2-2) avec un doublé de Cossou pour les Monégasques le 26 mai 1963.

L’analyse de la saison par le capitaine Michel Hidalgo !

« Le Monaco de 1963 était une équipe complète, homogène à la fois athlétique, vaillante et technique en défense avec Hernandez, Cassolari, Artélésa, Thomas ou Courtin voire Forcherio qui avait pour mission de donner le ballon dans les meilleures conditions, et astucieuse et percutante en attaque grâce à Djirbill, Douis, Cossou, Théo, Taberner et Carlier. Bref, les valeurs de chacun de nous étaient excellentes, mais elles étaient rehaussées par des éléments d’exception : Yvon Douis et Théo. Notre grand secret était de bien nous connaître d’abord, tant nos qualités que nos défauts. Ensuite de nous apprécier les uns les autres. Il est vrai que Lucien Leduc entretenait merveilleusement cet esprit de camaraderie et d’altruisme. Il ne nous forçait à aucune contrainte. Chacun se cantonnait dans son rôle et se mettait au service de l’équipe. Par respect pour le public et parce que ainsi était notre caractère et notre notion du football ».

L’équipe type : Hernandez-Cassolari-Artélésa-Thomas-Hidalgo-Bianchéri-Djibrill-Cossou-Théo-Taberner et Douis.

Les champions monégasques 1963: Artélésa (38 matchs), Biancheri (34), Carlier (17), Casolari (9), Cossou (33), Courtin (17), Djibrill (33), Douis (36), Forcherio (26), Girod (5), Hernandez (37), Hess (16), Hidalgo (38), Peretti (1), Sottimano (1), Taberner (16), Théo (32), Thomas (29).

Matchs de l’ASM

Match aller :

19/08/1962 Rouen – Monaco : 3-3 :Théo,Djibrill,Hess
25/08/1962 Monaco – Stade Français : 1-1 : Théo (pen)
2/09/1962 Monaco – Lens : 2-0 : Hess,Djibrill
5/09/1962 Strasbourg – Monaco : 2-2 : Hess
9/08/1962 Monaco – Bordeaux : 0-2
16/09/1962 Sedan – Monaco : 3-0
19/09/1962 Monaco – RC Paris : 1-1 : Cossou
22/09/1962 Lyon – Monaco : 1-1 : Biancheri
7/10/1962 Monaco – Valenciennes :3-1 : Taberner (2), Hernandez
11/10/1962 Montpellier – Monaco : 0-1 : Taberner
14/10/1962 Monaco – Grenoble : 4-0 Douis, Djibrill, Donnard (csc)
21/10/1962 Nice – Monaco : 2-2 : Douis, Cossou
28/10/1962 Nancy – Monaco : 2-1 : Cossou
31/10/1962 Monaco – Nîmes : 4-1 : Cossou (2),Bianchéri,Théo
4/11/1962 Angers – Monaco : 4-2 : Bianchéri, Djibrill
18/11/1962 Monaco – Marseille : 2-1 : Cossou, Théo
21/11/1962 Monaco – Toulouse : 0-0
25/11/1962 Reims – Monaco : 1-1 : Carlier
2/12/1962 Monaco – Rennes : 5-0 : Cossou (4), Carlier

Match retour :

9/12/1962 Valenciennes – Monaco : 0-0
16/12/1962 Monaco – Rouen : 3-1 : Douis (2), Sénéchal (csc)
23/12/1962 Nîmes – Monaco : 1-2 : Cossou (2)
30/12/1962 Monaco – Sedan: 0-1
7/01/1963 Monaco – Reims : 5-2 : Douis, Hidalgo, Cossou (3)
13/01/1963 Rennes – Monaco: 2-0
27/01/1963 Monaco – Lyon : 1-0 : Carlier
3/02/1963 Marseille – Monaco : 2-4 : Carlier, Douis (2), Cossou
10/02/1963 Monaco – Strasbourg : 1-0 : Cossou
3/03/1963 RC Paris – Monaco : 2-3 : Théo, Cossou (2)
17/03/1963 Grenoble – Monaco : 0-1 : Djibrill
24/03/1963 Monaco – Nice : 6-2 : Douis (3), Cossou, Djibrill, Taberner
3/04/1963 Lens – Monaco : 1-0
7/04/1963 Monaco – Montpellier : 3-1 : Douis, Cossou, Djibrill
14/04/1963 Toulouse – Monaco : Cossou (3), Douis, Taberner
1/05/1963 Bordeaux – Monaco : Taberner
5/05/1963 Monaco – Nancy : 0-1
19/05/1963 Monaco – Angers : 5-1 : Cossou (2), Douis (2), Carlier
26/05/1963 Stade Français – Monaco 2-2 : Cossou (2)