Toute histoire a un commencement, c’est le cas de l’AS Monaco. Le club de la principauté connaissait lors de la saison 1959-1960 sa première véritable consécration sur le plan national. Les hommes de Lucien Leduc remportaient leur premier grand trophée à savoir la coupe de France. La première ligne à un palmarès qui en appellera d’autre et qui fera de l’AS Monaco l’un des clubs les plus titrés de l’hexagone.
Depuis le milieu des années 1950, l’ASM s’efforçait petit à petit de grimper dans la hiérarchie du football français. L’arrivée de Lucien Leduc lors de la saison 1958-1959 permettait véritablement au club de franchir un pallier. La saison suivante, l’ASM engageait Lucien Cossou et André Hess qui allaient marquer l’histoire du club. Antoine Romagnan prenait la présidence du club en lieu et place de Charles Campora (le père de Jean-Louis).
Lors de cette saison 1959-1960, les Monégasques n’étaient pas en mesure de gagner le titre de champion de France, ils finissaient quatrième. Par contre en coupe, ils réalisaient un sans faute.
Des qualifications à l’arrachée !
Le premier tour opposait les amateurs d’Annecy (CFA) à Monaco. Le match se déroulait à Lyon. En ce 24 janvier 1960, Monaco pourtant largement favoris se retrouvait mené suite à un but de Gianmarchi. Henri Bianchéri parvenait à égaliser. Ensuite Casolari et Roy permettaient à l’ASM de prendre l’avantage et de finalement s’imposer par deux buts d’écarts (3-1).
Pour les seizièmes de finale c’était un club de D1 qu’affrontait l’AS Monaco. Le 14 février 1960, les Monégasques battaient Lyon (2-1) grâce à un doublé de Hess, le match avait lieu à Marseille. Le huitième de finale était lui beaucoup plus dur. Le 6 mars 1960, les hommes de Leduc se déplaçaient à Bordeaux pour jouer contre Forbach club de D2. Comme contre Annecy, l’ASM se retrouvait menée face à un club d’une division inférieure, et cette fois c’était même de deux buts. Un doublé de Bianchéri remettait les pendules à l’heure. Mais Monaco devait jouer les prolongations. Un but de Serge Roy durant ces prolongations offrait au club du Rocher son billet pour les quarts de finale.
En quart de finale, Monaco devait faire face au voisin niçois, champion de France en titre. Cette rencontre se déroulait le 3 avril 1960 au Parc des Princes à Paris. Une rencontre sans trop de difficulté pour les Monégasques qui s’imposaient nettement (3-1), avec des buts d’Hidalgo, Cossou et Roy. Le but de Roy, une tête plongeante, est resté dans la mémoire de ce dernier « Sans doute le plus beau but de ma carrière monégasque. Bert Carlier adresse un centre tendu de la gauche. Comme je suis un peu en retard, je me jette à l’horizontale à un mètre du sol au niveau du point de pénalty et je catapulte le ballon d’une tête plongeante. »
Le 24 avril 1960, Monaco se rendait à Colombes pour affronter la meilleure équipe du pays le Stade de Reims. 38 000 spectateurs ont assisté à la victoire de l’ASM, les deux formations étaient à égalité 1 à 1 dans les dernières minutes, Cossou ayant marqué pour Monaco, mais dans les ultimes minutes Hess de la tête envoyait l’AS Monaco en finale.
Henri Bianchéri se rappelle de l’épopée de l’ASM jusqu’à la finale « En 60, l’ASM n’avait encore rien gagné. Imaginez qu’en 32e, à Lyon, Annecy, l’ancien club de monsieur Leduc, nous devance à la mi-temps : 1 à 0 grâce à son terrible avant centre Gianmarchi. J’égalise après la pause. En 8e, un fidèle de la D2, mène par 2 à 0. J’égalise encore à deux reprises et Serge Roy finit le boulot en prolongation. En demi, contre Reims, ce n’est pas moi mais Hess qui marque à deux minutes du terme, car, à chaque tour ou presque, nous sommes revenus de loin y compris en finale évidemment. »
Une finale à suspense !
La première finale en coupe de France pour l’ASM se déroulait le 15 mai 1960 à Colombes face à Saint-Etienne.
Cette rencontre débutait tambour battant pour les Monégasques qui ouvraient rapidement la marque par Serge Roy sur un centre de Carlier (1-0 ; 5’). Ensuite les Verts prenaient le jeu à leur compte et se voyaient récompensés en égalisant juste avant le repos par Liron (1-1 ; 43’). Un but peut être hors-jeu, difficile à dire, même si Ludo semblait couvrir l’attaquant stéphanois.
Quoi qu’il en soit, les deux formations étaient à égalité et les Stéphanois accentuaient leur domination. A l’image de ce centre de Balboa que Liron expédiait de la tête sur le poteau (77’). Liron, toujours lui, sur un bon service d’Oleksiak, prenait le temps d’amortir le cuir avant de décocher un tir repoussait avec beaucoup de brio par Alberto (83’). Finalement les « Verts » étaient récompensés de leur domination. Suite à une faute de Ludo sur Peyroche, Saint-Etienne obtenait un coup-franc, Domingo ne manquait pas l’occasion et trompait Alberto (1-2 ; 86’).
Alors qu’on pensait le match plié, l’ASM parvenait à égaliser, aussi sur coup-franc suite à un tacle de Tylinski sur Roy. Et Monaco allait connaître un coup de pouce du destin. Raymond Kaelbel se précipitait pour tirer le coup-franc, sa tentative se terminait dans le mur stéphanois, mais M. Lequesne, l’arbitre de la rencontre, faisait retirer le coup-franc. Le mur stéphanois n’étant pas à distance et l’arbitre n’ayant pas sifflé. Ludo, Kaelbel et Bianchéri, se rapprochaient du ballon en se concertant, finalement c’était Bianchéri qui tirait et trompait Abbes d’une balle brossée qui heurtait le poteau droit avant de faire trembler les filets (2-2 ; 88’).
Bianchéri garde un souvenir heureux de cette égalisation « A 90 secondes de la fin, les Stéphanois se voient déjà dans la tribune présidentielle. L’arbitre nous accorde un coup-franc aux 18 mètres que Raymond Kaelbel tire dans le mur qui n’était pas à distance. Il le fait donc retirer, et, cette fois c’est moi qui le frappe. Je revois encore le ballon contourner le mur, toucher l’arrête interne et finir sa cours dans les filets de Claude Abbes ».
Lors des prolongations, les Monégasques paraissaient plus frais que les Stéphanois et en profitaient. Sur un long ballon aérien, Ludo devançait Abbes et le lobait, donnant ainsi l’avantage aux siens (3-2 ; 103’).
En fin de partie, sur un corner de Carlier, Roy de la tête s’offrait un doublé et achevait les derniers espoirs de Saint-Etienne (4-2 ; 115’) Monaco remportait donc sa première coupe de France.
A l’issue de la rencontre l’entraîneur stéphanois René Vernier eu une vision juste des choses « Cette partie a été à l’image de notre saison… Bien des fois déjà mon équipe a prouvé qu’elle était capable des plus beaux exploits… Elle les a manqués parce qu’il nous manque quelque chose : un peu plus de maturité, un peu plus de personnalité collective, un peu plus de joueurs-réserves. Je ne crois pas, compte tenu de ces éléments, on puisse reprocher quelque chose à un de mes joueurs… »
Pour Henri Bianchéri cette victoire est inoubliable « Cette victoire en coupe reste le plus merveilleux souvenir de ma carrière. Et pourtant, par la suite, j’ai remporté un titre, puis un doublé ».
Parcours de l’AS Monaco :
1/32 : Monaco – Annecy : 3-1
1/16 : Monaco – Lyon : 2-1
1/8 : Monaco – Forbach : 3-2 a.p.
1/4 : Monaco – Nice : 3-1
1/2 : Reims – Monaco : 1-2
Finale : Monaco – Saint Etienne : 4-2 a.p
Feuille de match de la finale coupe de France le 15 mai 1960 :
Colombes (stade Yves du Manoir). Spectateurs 38 298. Monaco bat St Etienne 4 à 2 (mi-temps 1-1).
Arbitre : M.Lequesne
Buts : Roy (5’ et 114’), Biancheri (88’), et Ludo (103’) à Monaco. Liron (43’) et Domingo (86’) à St Etienne.
Monaco : Alberto, Nowak, Kaelbel, Thomas, Ludo, Biancheri, Hess, Hidalgo, Cossou, Roy et Carlier.
St Etienne : Abbes, Tylinski, Herbin, Wicart, Domingo, Ferrier, Peyroche, Glovacki, Liron, Oleksiak et Balboa